lundi 29 octobre 2012

Emoi : baisers sucrés acidulés

Pour ce 50ème Vendredi du Vin[1], Laurent Baraou, notre président du mois a décidé de nous imposer une dégustation de vin de 50cl, autrement dit de liquoreux. Ces mal-aimés, ceux que l’on dénigre, à qui l’on accorde parfois une petite place pendant les fêtes. Ça tombe bien, c’est bientôt les fêtes ! Mais ce serait dommage de réserver ces vins uniquement aux repas de fin d’année et au foie gras… Ces vins se marient avec bien d’autres choses : fromages, desserts au fruits ou tout simplement consommés pour eux-même comme une petite gourmandise.


C’est un vin friandise que je vais vous présenter. Un liquoreux rouge, un vin du Massif Central à base de Gamay Saint Romain. Un vin qui se suffit à lui-même que l’on boit sans se rendre compte qu’il y a 140g de sucres résiduels ! L’acidité très bien maîtrisée vient soutenir ses arômes de fruits rouges et de fruits confits et allonge la finale. Ce vin porte bien son nom, il s’agit de la cuvée Émoi du Domaine des Pothiers. Un vin à partager en amoureux pour déclencher l’émoi chez son amoureux(se)… Un vin de baisers sucrés acidulés. 


Il est élaboré à partir de jeunes vignes de Gamay Saint Romain qui se trouvent dans la partie basse de la parcelle du Clos du Puy. Les plus belles grappes sont cueillies à leur juste maturité afin de garder de l’acidité et que les pellicules soient assez épaisses pour résister au séchage. Ils sont ensuite déposés dans des cagettes sur le toit en tuile du cuvage afin d’être séchés au soleil pendant un mois. Ensuite on les presse et on les met en fût pour une fermentation lente. 

Présenté ainsi, on a l’impression que c’est d’une simplicité enfantine. Et bien pas vraiment… Je peux en témoigner car j’ai pu participé à une partie de son élaboration, sur le millésime 2012. Tout d’abord, on surveille la météo car s’il pleut et qu’il n’y a pas de vent les raisins risquent de pourrir. Il faut aussi trouver un moyen de protéger les raisins de l’appétit des oiseaux. Et il faut monter sur le toit sans… tomber ! Lorsque je suis montée sur le toit, je me suis aperçue qu’il ne suffisait pas de ne pas avoir le vertige, il faut aussi un certain sens de l’équilibre et savoir où poser les pieds pour ne pas glisser sur les tuiles. Enfin les guêpes, quelle joie de mettre les mains dans le raisin bourdonnant de ces sympathiques insectes, connus pour leur docilité ! 


- Ne t’inquiètes pas, elles ne te piqueront pas. Elles sont anesthésiées par tout le sucre qu’elles ont mangé. Mouhais… Même en phase digestive, je n’ai pas confiance dans les guêpes. Il a donc fallu mettre les raisins dans le pressoir en chassant ces machins. Pour me donner du courage, je goûtais quelques baies bien séchées. Très bon ! Un goût de raisin sec, évidemment, et de figue séchée. Une fois le pressoir en route, je n’ai pas résisté, non plus à goûter le jus de presse. Une vraie gourmandise ! Riche mais pas trop sucré, on a tendance à vouloir en boire plus que de raison… C’est un peu la récompense ! Le jus est maintenant dans les fûts. Je vais pouvoir de temps en temps suivre son évolution.


Et pour terminer cet article, une petite vidéo sur l’étape du pressurage de la cuvée Émoi. J’ai choisi de vous la présenter en musique et pas n’importe laquelle, la version merengue d’une salsa colombienne ! Une musique qui est à l’image de la cuvée rappelle le soleil, joyeuse, une musique chaloupée qui donne envie de danser à deux au rythme de ses cuivres, d’échanger des baisers sucrés-acidulés, vous pouvez déjà programmer votre prochaine soirée en amoureux avec Émoi. 


Les premières paroles :
« Ce baiser de ta bouche qui a la saveur de fruits frais s’est échappé de tes lèvres pour se mettre dans ma tête. Ce baiser qui est dans mes rêves lorsque les peines me guettent, qui m’amène même au ciel et me ramène à la terre… »
Petit extrait du romantisme latino ;-)


[1] Chaque dernier vendredi du mois, les blogueurs et amateurs de vin se retrouvent sur la toile pour partager un article sur un sujet imposé par le (la) président(e) du mois

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